Interview
Pascal LE DEUNFF, Ambassadeur de France répond aux questions de la Chambre
Dix-huit mois après son arrivée, la CCI FRANCE MOLDAVIE est allée interviewer Pascal LE DEUNFF, Ambassadeur de France en République de Moldavie.
CCIFM : Vous êtes arrivé en République de Moldavie il y a 18 mois désormais. Quelle est aujourd'hui votre appréciation générale de ce pays ?
Pascal LE DEUNFF : Le temps passe vite ! J’ai été très bien accueilli en République de Moldavie, où je me sens bien et où j’ai désormais beaucoup d’amis. Je remercie chaleureusement toutes celles et tous ceux qui, depuis un an et demi, me conseillent, m’épaulent et me soutiennent dans les projets que je porte avec l’équipe de l’ambassade.
Je ressens avec beaucoup d’intensité les liens culturels et linguistiques très forts qui unissent historiquement la Moldavie à la France. Etre Français en Moldavie, c’est d’abord vivre au quotidien ce lien affectif si particulier et si fort. Je fais tout ce qui est possible pour que ce lien perdure et pour que le français maintienne sa place dans l’enseignement public moldave. J’espère que les nouvelles autorités sont également sensibles à cette nécessité.
Ce qui m’a également beaucoup occupé et intéressé depuis mon arrivée, c’est l’évolution de la situation politique, particulièrement complexe, en Moldavie. Dans le voisinage de l’Union européenne (UE), la France souhaite une Moldavie stable, démocratique et prospère. Or nous avons vécu ici cette année des moments d’inquiétude. J’ai finalement été soulagé par le transfert pacifique du pouvoir qui s’est produit en juin dernier. J’en félicite la Moldavie et je souhaite le plein succès à la nouvelle majorité parlementaire et à la nouvelle équipe gouvernementale ! La France reste l’un des partenaires politiques majeurs de la Moldavie, notamment pour l’accompagner dans la mise en œuvre de l’Accord d’association avec l’UE, pour l’établissement d’un véritable Etat de droit et pour la lutte contre la corruption.
Enfin, je vois en Moldavie un formidable potentiel de développement économique : le niveau d’éducation des jeunes est bon ; ils maîtrisent plusieurs langues ; beaucoup ont des talents en mathématiques et en sciences, ce qui en fait de très bons ingénieurs ou codeurs dans les industries de haute technologie ou dans les services informatiques. En outre, la terre est très riche et l’agriculture est donc aussi un secteur d’avenir. J’espère que la nouvelle gouvernance moldave saura valoriser tous ces atouts, enrayer l’émigration et recréer un climat de confiance collective.
CCIFM : Le développement des relations économiques et commerciales entre la France et la République de Moldavie fait partie de vos priorités. La Moldavie est-elle selon vous une terre d'opportunités pour les entreprises françaises ?
PLD : Absolument ! De nombreuses entreprises françaises, qui ont déjà investi et qui évoluent avec succès dans des secteurs très divers en Moldavie, ont montré l’exemple. Ces entreprises prennent une place importante dans la dynamique économique et commerciale, positive, qui est à l’œuvre entre l’UE et la Moldavie.
La France figure aujourd’hui parmi les tout premiers investisseurs étrangers en Moldavie et de nouvelles entreprises françaises continuent de manifester leur intérêt pour ce pays, aussi bien dans l’agriculture et l’agro-alimentaire que dans le domaine industriel ou dans le secteur des services.
Les perspectives de croissance économique du pays et la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord de libre-échange avec l’UE me rendent également confiant quant à l’augmentation des échanges commerciaux franco-moldaves dans les années qui viennent.
CCIFM : Vous avez constitué un Conseil économique auprès de l'Ambassade auquel participent la Chambre et plusieurs entreprises. Quels sont vos priorités et projets pour 2019 en matière économique ?
PLD : Le conseil économique de l’ambassade se réunit en effet régulièrement. Il associe les acteurs institutionnels de la relation économique franco-moldave (outre moi-même, le conseiller commercial, le conseiller agricole et l’attaché douanier), le Président de la CCIFM ainsi que plusieurs dirigeants d’entreprises françaises présentes en Moldavie. Ces réunions nous permettent d’échanger sur la situation en Moldavie, sur le climat des affaires et sur l’état de la relation économique franco-moldave. Elles nous permettent aussi de nous fixer quelques objectifs collectifs.
En 2019, nous continuerons d’œuvrer à l’engagement rapide des négociations en vue d’une convention fiscale entre la France et la Moldavie.
Nous explorons également l’opportunité d’accompagner par un financement du Trésor un projet de développement à fort impact économique et social dans un secteur d’activité en Moldavie, avec la participation d’entreprises françaises
Je poursuis les démarches nécessaires auprès des autorités moldaves visant à soutenir les entreprises françaises qui rencontrent encore des difficultés pour le développement de leurs activités en Moldavie.
Le conseiller agricole poursuit les coopérations engagées avec des producteurs agricoles moldaves sur des Indications Géographiques, notamment pour la filière viticole. Il travaille au positionnement des acteurs français auprès des filières agricoles les plus importantes (horticulture, viticulture) et des filières émergentes (filières bio-organique et bio-énergie).
Pour tous ces projets, je sais pouvoir compter sur la Chambre de Commerce et d’Industrie France-Moldavie, qui structure et anime la communauté d’affaires française et que je remercie.
CCIFM : Quel serait pour vous un message général pour les entreprises françaises qui s'intéressent à la Moldavie ?
PLD : Je leur dis que les nouvelles autorités moldaves se montrent déterminées à lutter contre la corruption et à faire de la Moldavie un véritable Etat de droit. Elles veulent développer l’attractivité économique de leur pays. Il y a là une opportunité à saisir pour les entreprises françaises qui envisagent d’exporter ou d’investir en Moldavie. L’Ambassade de France et la CCIFM les accompagneront avec compétence et énergie dans leurs démarches.
Propos recueillis par Adrian GURDIS